La Russie

Après l’effondrement de l’URSS (1991), la Russie a connu de profonds changements politiques, économiques et sociaux. La natalité a chuté dans les années 1990, alors que la mortalité a augmenté, notamment chez les hommes d’âge actif. Le dernier recensement, conduit en 2010, montre qu’à partir de 1991, la population a diminué de 5 millions d’habitants. Selon les données du Service d’Etat des statistiques de la Russie, en 2014, la population est chiffrée à 143 millions. Selon les projections de l’ONU, la population en Russie risque encore de chuter : elle sera chiffrée à 136 millions en 2030 (soit 7 millions de moins qu’en 2014) et à 126 millions en 2050 (soit 17 millions de moins qu’en 2014). 

La pyramide des âges montre que la Russie est caractérisée par un déséquilibre démographique entre les hommes et les femmes. Les deux conflits mondiaux ont bouleversé durablement le rapport hommes/femmes, particulièrement à partir de 40 ans et plus. Selon le Service d’Etat des statistiques de la Russie, en 2014, le rapport est de 1159 femmes pour 1000 hommes.

Source : World Population Prospects

Décroissance démographique

Source : Rosstat

Dans les années 1990, le solde naturel en Russie devient négatif à cause d’un déficit important des naissances par rapport aux décès. Le taux de mortalité augmente progressivement depuis la chute de l’URSS, et commence à diminuer à partir de 2011. Il représente aujourd’hui 13 décès pour 1000 habitants. 

Quant au taux de natalité, il baisse rapidement à la fin des années 1980 pour atteindre 9,3 naissances pour 1000 habitants en 1995. Par ailleurs, la natalité commence à augmenter à partir de 2007, alors que la mortalité baisse. En 2013, la Russie a connu un solde naturel positif pour la première fois depuis 1992.

Surmortalité masculine

Source : La Banque mondiale

L’espérance de vie à la naissance en Russie (70,9 ans en 2014) présente un retard par rapport à la majorité des pays européens (ex. : elle est de 82,4 ans en France). 

En Russie, l’écart entre l’espérance de vie des hommes et celle des femmes est très important (11 ans en 2014). L’augmentation de la mortalité accidentelle des hommes d’âge actif (les accidents de la route et du travail ; les homicides et les suicides dus principalement à la consommation de l’alcool) explique en partie cette différence (Blum et Lefèvre 2006). 

La mortalité élevée est associée : 

  • au système de santé profondément dégradé ;
  • l’alcoolisme exceptionnellement fréquent (Vishnevski 2009).

L’avortement, un moyen de contraception comme les autres

Source : Rosstat

L’Union soviétique est le premier pays du monde à légaliser l’avortement en 1920. Après sa légalisation, l’avortement devient une des principales méthodes de régulation de la natalité. Aujourd’hui, la femme en Russie a le droit d’avorter dans un délai de 12 semaines de grossesse. 

On observe une diminution constante du taux d’avortement au cours des vingt dernières années. Mais il reste encore très élevé par rapport aux pays occidentaux. Entre 1959 et 2007, le nombre de grossesses interrompues est supérieur au nombre de naissance. Cette tendance s’inverse à partir de 2007 (Sakevich 2014). 

Selon les données du Rosstat, le ratio d’IVG est de 56 avortements pour 100 naissances vivantes en 2012.

La Russie se montre de plus en plus préoccupée par la diminution de sa population, notamment à cause de la mortalité importante chez les hommes en âge actif. Le gouvernement proclame la « crise démographique » en 2006 et met en place une politique nataliste. Dans ce contexte, on observe de plus en plus de débats au sujet de la limitation ou même de l’interdiction de l’avortement en Russie.

Svetlana RUSSKIKH

Bibliographie

  • Blum A., et Lefèvre C. (2006), « Après 15 ans de transition, la population de la Russie toujours dans la tourmente », Population et sociétés n°420, p. 1-4.
  • Sakevich V. (2014), « S 2007 g. chislo rozhdenij v Rossii prevyshaet chislo abortov » [En 2007, le nombre des naissances en Russie est devenu supérieur au nombre des grossesses interrompues], Obcshestvennye nauki i sovremennost’, № 5, p. 114-129.
  • Vichnevski A. (2009), « Les enjeux de la crise démographique en Russie », Centre Russie / NEI, n°41.